Dans un échange exclusif avec RFI, par l’intermédiaire d’une personne de confiance, Saïf al-Islam Kadhafi, le fils cadet du colonel Kadhafi, sort de son silence. En 2018, il avait accordé une interview au New York Times. Mais pour la première fois depuis 2011, il a accepté de se confier à un média concernant l’affaire du financement présumé de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Il a répondu à nos questions par écrit et réaffirmé à RFI sa version de cette affaire. Le procès de l’ancien président français et de onze autres prévenus a débuté il y a quinze jours à Paris.

Selon Saïf al-Islam Kadhafi, la première demande pour qu’il modifie son témoignage concernant Nicolas Sarkozy a été formulée en 2021 par l’intermédiaire de Souha al-Bedri, consultante et communicante basée à Paris. Saïf al-Islam Kadhafi affirme qu’on lui a proposé de « nier tout ce qui se dit d’un soutien libyen de Sarkozy pour les élections ». Avec quelle contrepartie ? Une aide, assure-t-il, pour clore son dossier devant la Cour pénale Internationale. En ce début d’année 2025, Saïf al-Islam Kadhafi est toujours recherché par la CPI (voir encadré).

Toujours selon Saïf al-Islam Kadhafi, un nouvel émissaire de Nicolas Sarkozy approche la famille fin 2022, en s’adressant cette fois-ci à Hannibal Kadhafi, son jeune frère, emprisonné depuis plusieurs années au Liban. L’homme, de nationalité ivoirienne, nommé Noël Dubus, est cité dans ce dossier du financement présumé de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, mais aussi dans l’affaire Karachi qui porte sur des contrats d’armement.

Saïf al-Islam Kadhafi affirme qu’une troisième tentative, à une date ultérieure non précisée, a été effectuée par l’intermédiaire d’un Français d’origine arabe, dont il n’a pas voulu révéler l’identité. Mais, indique le fils du « Guide libyen », il ne s’agit ni d’Alexandre Djouhri, ni de Ziad Takieddine, les deux principaux intermédiaires dans cette affaire du financement libyen présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy. Djouhri et Takieddine sont tous deux prévenus dans cette affaire.

Le fils du « Guide Libyen » déclare qu’il a « catégoriquement refusé » toutes ces demandes. RFI n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations de Saïf al-Islam Kadhafi. L’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel mentionne plusieurs cas de pression exercés sur des témoins dans le cadre de cette affaire.

Interrogé par RFI sur ces affirmations, l’avocat de Nicolas Sarkozy, maître Christophe Ingrain, parle de déclarations « non seulement fantaisistes, mais également très opportunistes ».

  • xiaoOP
    link
    fedilink
    Français
    arrow-up
    4
    ·
    4 days ago

    Au cours de l’échange qu’il a eu avec RFI, Saïf al-Islam Kadhafi revient également sur la partition qu’il affirme avoir personnellement jouée dans le financement libyen. « Sarkozy, dit-il, a reçu 2,5 millions de dollars de la Libye pour financer sa campagne électorale » lors de l’élection présidentielle de 2007, somme en contrepartie de laquelle, Nicolas Sarkozy devait « conclure des accords et réaliser des projets en faveur de la Libye ».

    Une seconde somme de 2,5 millions de dollars, également en espèces, a selon lui été remise au clan Sarkozy. Saïf al-Islam Kadhafi ne précise pas quand mais affirme qu’en contrepartie les autorités libyennes attendaient de Nicolas Sarkozy qu’il mette un terme à l’affaire de l’attentat contre le DC10 d’UTA qui a fait 170 morts dont 54 français en 1989. Elles souhaitaient également que les noms de six Libyens impliqués dans cet attentat soient retirés de la notice d’Interpol, dont celui d’Abdallah Senoussi, le chef des services secrets libyens et beau-frère de Kadhafi.

    Toujours selon Saïf al-Islam Kadhafi, cet argent a été placé ensuite sur un compte bancaire à Genève. Saïf al-Islam Kadhafi soutient donc à RFI que 5 millions de dollars en espèces ont été transmis à Nicolas Sarkozy.

    Impossible ! Sarko n’est qu’un 🐏 émissaire, un innocent 😁