Papier très intéressant de médiapart (qui fait l’objet d’une série complète), ou des spécialistes répondent, à ce qu’on entend dans les médias.

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JC [Psychiatre] Alors est-ce que ces adolescent·es-là seraient influençables, au sens où on leur mettrait dans la tête des idées qui n’auraient rien à voir avec ce qu’ils ou elles sont ? Pendant des années, j’ai entendu dire qu’il ne fallait pas parler des idées suicidaires avec les adolescent·es parce que ça leur donne des idées suicidaires… C’est le contraire ! Et on sait que ce n’est pas en parlant d’homosexualité avec un·e adolescent·e qu’on le/la rend homosexuel·le.

JC [Psychiatre] Après une augmentation des demandes de mineur·es, je note d’ailleurs un plateau : quelque chose s’est stabilisé, correspondant au pourcentage de la population qui vit la transidentité (au moins 1 %). Moi je fais l’hypothèse qu’il y aura moins de demandes de transition dans les années à venir chez les 40-50 ans, parce qu’il y aura eu la possibilité de le penser plus tôt, avec des effets positifs très importants. Parce que si vous luttez pendant des années contre cette identité et que vous avez une prise en charge à 45 ans, il y a une difficulté à se montrer différent au travail, des effets de honte terribles…Quant au fait qu’il y ait plus de garçons trans que de filles trans, et de savoir si des aspects sociologiques participent… Prenons les choses dans l’autre sens : comment les jeunes femmes trans [assignées garçons à la naissance] peuvent-elles s’autoriser à se montrer filles ? La stigmatisation est encore plus forte, donc là aussi, prudence.

LM (Endocrinologue) La première chose importante à rappeler, c’est qu’aucun de ces médicaments n’est nouveau : ils sont utilisés depuis au moins quarante ans par d’autres populations. Que ce soit les bloqueurs de puberté (prescrits en cas de puberté précoce, en cancérologie…) ou les œstrogènes et la testostérone (…) Et comme cela arrive que la puberté précoce démarre à 2 ou 3 ans, on donne parfois ces traitements pendant dix ans : on a donc bien le recul dans cette population pour dire qu’il n’y a pas de conséquences à l’âge adulte. Y compris – je le précise parce que j’entends cette inquiétude – sur le développement neurocognitif ultérieur.

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JC (Pyschiatre) On est confronté·es à des jeunes qui ont une souffrance telle qu’ils et elles se mettent en danger : scarifications, idées suicidaires, etc. Cette souffrance a un impact sur l’investissement du projet scolaire, les relations amicales, la place dans la famille ; des jeunes n’arrivent plus à vivre. Ce n’est pas du confort ni une lubie. D’ailleurs, il faut parfois déconstruire des représentations magiques – « Je prends une injection et je vais me transformer »… Pour chaque situation, on prend le temps de se dire : est-on sûr·es que la balance bénéfices-risques est bien dans le sens du traitement ? Dès

LM (Endocrinologe) En France, grâce au groupe de travail monté avec la Société française d’endocrinologie et diabétologie pédiatrique, nous avons recensé les données sur les 18 équipes spécialisées du territoire : on compte 0,3 % de retransition. Autrement dit : nous avons réussi à mettre en place un accompagnement qu’on pourrait qualifier de satisfaisant et de « sécure ».

JC (Psychiatre) Au Ciapa, nous avons ouvert des espaces pour les parents en dehors de leur enfant, car ils ont énormément de choses à travailler qui peuvent être mal comprises par l’adolescent·e et le/la mettre en difficulté. Le plus important pour ces mineur·es, je le répète, c’est d’être reconnu·es dans ce qu’ils et elles sont. Quand les parents acceptent – même si c’est douloureux – de genrer correctement, c’est un énorme soulagement.