J’oublie des choses, des gens. Un peu tout.
Lorsque mon première amour s’est terminé, j’ai cru que j’allais jamais m’en remettre, que ça allait être dur. Ça l’a été. Puis quelques mois plus tard je l’ai recroisée dans la rue. Et je ne l’ai pas reconnu, j’avais oublié son visage. Il m’est aussi arriver de ne pas reconnaître ma partenaire de vie du moment car sa tête était différente : elle s’était accrochée les cheveux par exemple.
Je n’ai pas non plus la mémoire des dates. Mes précédents téléphones servaient de repères temporels avec les photos, les SMS etc. Maintenant que j’efface tout, je me rends compte que je mélange les années, les déménagements. La crise de la COVID a achevé ce processus de destruction. Seul demeure l’ordre chronologique dans lequel j’ai habité les 8 villes de mon existence. J’ai encore en mémoire des endroits, la cartographies des centres villes, l’endroit où la bière était bonne et la terrasse ensoleillée.
J’oublie la mort de mes proches. Ce n’est pas comme si j’avais oublié qu’il était mort mais un peu, je ne sais plus quand. Seul un souvenir flou demeure. Il m’arrive d’oublier les vivants. J’attends alors le déclic qui les fasse revivre dans ma tête alors qu’ils sont en face en train de parler.
J’oublie ma gueule, j’oublie qu’elle peut faire peur, qu’elle peut faire pitié, j’oublie ma voix. Non en fait ma voix je ne l’a reconnais jamais. Vous vous êtes déjà entendu ? Sur un répondeur, sur une vidéo, c’est terrible.
J’oublie que j’oublie. Le pire. La blague c’est quand on me dit “Rappelle-moi que je dois…” On rigole tout le temps après cette phrase. “Je devais te rappeler un truc mais je sais plus quoi et plus quand”… C’était il y a 1 mois.
Et vous, votre rapport à l’oubli ?
Y’a du gros morceau d’autobio, mais tout va bien t’inquiète, ça a toujours été comme ça.